Montréal, le 28 oct. 2025 – Alors que le Tribunal administratif du logement (TAL) rend public son rapport annuel de gestion pour l’année 2024-2025, le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) ne peut que s’inquiéter de l’ampleur de la détresse des locataires.
Plus de 900 000 appels à l’aide demeurés sans réponse Des 1 101 005 demandes formulées par les citoyen•nes aux services de renseignement du TAL, seuls 10 % d’entre elles ont été répondues par des humain•es. Ce système dysfonctionnel n’informe pas les locataires de leurs droits : il les décourage, les épuise et les repousse.
« Imaginez avoir des questions concernant vos droits et devoir passer par une interminable suite d’options téléphoniques avec des messages génériques préenregistrés pour finalement vous faire raccrocher la ligne au nez sans jamais obtenir de réponses adaptées à votre situation. Ça génère beaucoup d’angoisse et de frustrations chez les locataires. »
– Eloïse Bolduc, organisatrice communautaire, RCLALQ
Des locataires pris à la gorge
Pas moins de 41 269 dossiers pour non-paiement de loyer ont été ouverts cette année, ce qui représente une hausse de 6,2 % par rapport à 2023-2024 — période qui, on se souvient, avait elle-même été marquée par une astronomique augmentation de 20,2 % des causes en non-paiement. Les demandes de fixation de loyer ont par ailleurs atteint le nombre record de 22 494 cette année — 5,4 % d’augmentation par rapport à l’année précédente — signe que de plus en plus de locataires refusent les augmentations proposées par leur propriétaire au moment du renouvellement du bail.
« Avec l’inflation et les taux d’inoccupation historiquement bas des logements à bas prix, l’augmentation des demandes pour non-paiement de loyer démontre non seulement que les locataires n’ont plus la capacité d’assumer de nouvelles hausses, mais aussi que certain•es sont contraint•es de signer des baux au-delà de leurs moyens pour ne pas se retrouver à la rue. Pour mettre fin à la flambée d’éviction qui en découle, il est impératif de décréter un gel des loyers. »
– Noémie Beauvais, organisatrice communautaire, RCLALQ
Prendre son mal en patience
Les délais pour obtenir une première audience au TAL se sont allongés pour l’ensemble des recours. En moyenne, les locataires doivent attendre 8,6 mois pour des recours relatifs à la salubrité et au harcèlement et 9,2 mois pour une fixation de loyer. Depuis cet été, la situation s’est même empirée. Les délais pour une audience en fixation atteignent maintenant 13 mois. Malgré tout, le TAL s’efforce de traiter de manière expéditive les causes de non-paiement de loyer – 2,1 mois en moyenne. De ce fait, le tribunal démontre encore une fois que sa priorité est de protéger les profits des propriétaires.
Le TAL, une institution à réformer d’urgence
Bien sûr, le terrible bilan annuel du TAL est, en grande partie, le fruit des politiques publiques désastreuses en matière d’Habitation. Cependant, l’excuse du manque de ressource ne suffit plus pour justifier l’incapacité du TAL à servir la population locataire. Le RCLALQ dénonce la vision idéologique biaisée du Tribunal, qui continue de favoriser les propriétaires au détriment des locataires les plus vulnérables.
Tous les jours, les comités logements et associations de locataires rencontrent des personnes motivées à faire valoir leurs droits, qui méritent un tribunal à leur écoute. Preuve de plus que le TAL doit être réformé en profondeur pour enfin devenir un véritable tribunal du logement, au service des locataires.
À PROPOS DU RCLALQ
Le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) représente plus d’une soixantaine d’organismes de défense des droits des locataires répartis sur le territoire québécois. Il œuvre depuis plus de 45 ans à la défense et à la promotion du droit au logement, en revendiquant des mesures de contrôle du marché, ainsi qu’un plus grand accès à la justice pour les locataires.
Pour renseignements et demandes d’entrevue :
Eloïse Bolduc (français) et Noémie Beauvais (anglais) Organisatrices communautaires, RCLALQ, (514) 781-2220

