Montréal, le 13 mars 2014 – Alors que la période de renouvellement des baux bat son plein, plusieurs organismes se sont joint au Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) lors d’un point de presse afin de revendiquer solidairement un contrôle des loyers. Selon ces organismes, ce sont les personnes les plus vulnérables qui sont les plus sévèrement touchées par les hausses de loyers: personnes assistées sociales, femmes autochtones, étudiantEs, ménages à faible revenus, personnes immigrantes, seules ou monoparentales. Ce constat est partagé par l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), Femmes autochtones du Québec (FAQ), le Front commun des personnes assistées sociales (FCPASQ) et le Regroupement des cuisines collectives du Québec (RCCQ).
Le RCLALQ et ses groupes alliés déplorent que les ménages locataires déboursent actuellement des sommes faramineuses pour se loger, mettant en danger la satisfaction de leurs autres besoins fondamentaux comme se nourrir. « C’est donc dans un objectif de défense du droit à l’alimentation que le RCCQ se mobilise auprès du Regroupement des Comités Logement et Associations de Locataires du Québec (RCLALQ) et des autres groupes alliés présents aujourd’hui pour un contrôle du prix des loyers», explique Mathieu Boily, coordonnateur général du RCCQ.
Dans un même ordre d’idée, Amélie Châteauneuf, porte-parole du FCPASQ constate que « les prestations d’aide et de solidarité sociale sont tellement faibles au Québec que les personnes assistées sociales sont obligées de faire le choix entre se loger et se nourrir. Dans le contexte actuel, ajoute-t-elle, les personnes assistées sociales qui réussissent à se payer un logement sur le marché privé doivent jeûner très tôt dans le mois.»
Les cinq organisations nationales s’entendent sur le fait que la discrimination des propriétaires à l’endroit des ménages les plus vulnérables a un lien étroit avec les hausses de loyers abusives. « Plusieurs ménages locataires acceptent des hausses de loyer par peur du propriétaire, par crainte de représailles ou par ignorance de leurs droits » déplore Catherine Tragnée, porte-parole du RCLALQ. Mme Tragnée rappelle que les loyers ont augmenté en moyenne de 41 % depuis 2000. Cette hausse des loyers favorise entre autre la discrimination au moment de la signature d’un bail, discrimination vécue particulièrement par les autochtones, et encore plus sévèrement par les femmes autochtones.
« Dans une situation de discrimination déjà vécue, la hausse des loyers en région ne fait qu’augmenter les difficultés pour les femmes autochtones d’accéder à un logement décent. Or ce logement est bien souvent la seule porte de sortie possible pour les femmes victimes de violence, et elle se ferme de plus en plus devant elles, » souligne Viviane Michel, présidente de Femmes autochtones du Québec.
Les hausses de loyers ont aussi un impact considérable sur l’accès à l’éducation. « La population étudiante locataire est très mobile, ce qui la rend trop souvent vulnérable à des hausses démesurées de loyers. Et cela sans compter qu’elle devra désormais composer à chaque année avec des hausses de frais de scolarité et de tarifs d’Hydro-Québec. Il faut arrêter de rendre les étudiants et les étudiantes plus précaires qu’ils et elles ne le sont déjà » défend Justin Arcand, porte-parole de l’ASSÉ.
« Pourtant, il serait facile de réglementer le marché privé afin d’éviter ces situations, plaide Catherine Tragnée, porte-parole du RCLALQ. Selon elle, il suffirait de rendre obligatoire les mécanismes de contrôle des loyers déjà en place. En effet, la Régie du logement publie à chaque année une grille de calcul basé sur le Règlement sur les critères de fixation de loyer, en vigueur à la Régie. « Il faudrait juste un peu de courage politique! Le gouvernement fléchit trop devant le lobby insatiable des corporations de propriétaires qui plaident vivement contre le fait de rendre ces outils obligatoires! » déplore madame Tragnée.
Pour presser le gouvernement à agir, le RCLALQ et ses groupes alliés entament aujourd’hui une mobilisation qui culminera avec la Journée des locataires le 24 avril. Une déclaration commune circulera dès aujourd’hui afin d’être signée par tous les organismes et locataires qui revendiquent un contrôle des loyers dans un message fort et solidaire : Les loyers sont trop chers! Stoppons les hausses! Les mal-logéEs du Québec sont invitéEs à joindre leurs voix à celles de centaines d’autres déjà en marche pour un contrôle universel et obligatoire des loyers.