Suite au dépôt de la Stratégie canadienne sur le logement, le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) se montre rassuré des engagements proposés par le gouvernement fédéral de Justin Trudeau. Les sommes annoncées sont plus élevées que par le passé, mais seront insuffisantes pour combler les besoins criants des ménages locataires à faible revenu. La Stratégie est également un rendez-vous manqué quant à la reconnaissance formelle, dans la loi canadienne, du droit à un logement sain, sécuritaire et abordable pour toutes et tous.
Le gouvernement Trudeau propose des sommes de 40 milliards de dollars (fédéral et provincial) sur 10 ans pour l’ensemble de sa Stratégie. Toutefois, comme la contribution financière des provinces et territoires est conditionnelle à la participation du fédéral, il est encore impossible de juger de l’ampleur des nouvelles constructions et de l’entretien des logements sociaux existants.
Malgré les sommes importantes annoncées aujourd’hui, il est important de rappeler que les besoins des ménages locataires sont criants. Selon le dernier recensement (2016), 1,7 million de ménages canadiens ont des besoins impérieux de logement, c’est-à-dire qu’ils habitent des logements trop petits ou de mauvaises qualités et qu’ils accordent plus de 30% de leur revenu pour se loger. La Stratégie canadienne sur le logement prévoit faire en sorte que 530 000 ménages n’éprouvent plus de besoins impérieux en matière de logement. Or, qu’est-ce que le gouvernement Trudeau compte faire pour aider le 1,17 million de ménages restants ? Force est de constater que ces ménages devront prendre leur mal en patience.
La volonté du gouvernement fédéral d’investir d’importantes sommes (2 milliards du fédéral et autant des provinces) dans une Allocation canadienne pour le logement est inquiétante. Une partie de ces subventions au loyer seront attribuées aux locataires louant un logement sur le marché privé. Cette stratégie peut aider des ménages à joindre les deux bouts pour une courte période, mais ne règle en rien le problème structurel du manque de logements sociaux. Le RCLALQ est d’avis que la solution ne se retrouve pas dans l’attribution de mesures temporaires sur le marché privé, mais plutôt de régler les problèmes de logement sur le long terme en investissant massivement dans le logement social.
Enfin, le RCLALQ est particulièrement déçu de rendez-vous manqué quant à la reconnaissance formelle du droit au logement. La Stratégie proposée par le gouvernement Trudeau prévoit qu’une loi sera déposée et qui aura comme objectif de garantir le maintien d’une stratégie nationale sur le logement, mais aussi de rendre imputable le gouvernement vis-à-vis du Parlement quant à ces résultats en matière de logement. La nouvelle Stratégie prévoit également la création d’un défenseur fédéral du logement qui aura pour rôle de réfléchir aux obstacles systémiques à l’accès à un logement abordable. Ce défenseur devra faire des recommandations à la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) et au ministre responsable. En somme, rien n’indique que le droit au logement sera reconnu dans une loi canadienne, ce que les organismes de défense des droits des locataires réclament depuis plusieurs décennies. L’État canadien promet beaucoup de milliards, mais ne reconnait pas le droit au logement comme un droit fondamental devant être protégé par sa constitution.