Rimouski, le 30 mai 2019 – Le Comité logement Rimouski-Neigette souligne aujourd’hui son 20e anniversaire par une journée d’activités à la fois informatives et revendicatives. Des porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) et du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), les deux regroupements nationaux dont est membre le comité et qui fêtent eux-mêmes cette année leurs 40 ans, sont présents pour l’occasion. Les trois organismes en ont profité pour faire le point sur la situation du logement Rimouski.
Le Comité logement Rimouski-Neigette a été créé officiellement en 1999 à l’initiative du Regroupement contre l’appauvrissement Rimouski-Neigette, avec le soutien du FRAPRU. Guy Labonté, l’actuel coordonnateur du Comité logement est d’ailleurs un de ses membres fondateurs. Depuis sa création, ce sont des milliers de locataires qui ont fait appel à l’organisme. Malgré certaines avancées depuis, Guy Labonté déplore que tant de locataires n’arrivent toujours pas à trouver un logement décent qui répond à leur capacité de payer sur le marché privé. Malgré une situation budgétaire plus que favorable, il remarque un désengagement du gouvernement québécois. Selon lui, les données du plus récent Dossier noir du FRAPRU sur le logement et la pauvreté illustre la persistance des besoins l’insouciance des gouvernements.
Selon les données du Dossier noir, issues d’une commande spéciale du FRAPRU à Statistiques Canada 1150 ménages locataires de Rimouski ont des besoins impérieux de logement parce que leurs loyers sont trop chers, parce que leurs logements sont trop petits, non adaptés à leurs besoins ou encore insalubres. Les personnes seules, les personnes âgées, en particulier les femmes, et les jeunes, sont parmi les locataires les plus à risque de vivre des problèmes de logement. Entre les recensements de 2011 et de 2016, les proportions des locataires consacrant une part trop importante de leur revenu pour se loger est demeurée la même, ce qui fait dire à la porte-parole du FRAPRU que les politiques gouvernementales sont clairement insuffisantes pour répondre aux besoins des locataires de Rimouski
« Le revenu annuel médian des ménages locataires rimouskois qui paient plus de la moitié de leur revenu pour se loger est de 12 491 $, le logement social sous ses différentes formules (coopérative, organisme à but non lucratif ou HLM) est la seule solution durable aux problèmes des locataires à faibles et modestes revenus, car il assure des loyers respectant leur capacité de payer et une sécurité d’occupation. Avec les investissements prévus dans le dernier budget du Québec, il n’y a pratiquement aucun espoir d’améliorer leur sort », souligne Véronique Laflamme. La porte-parole rappelle au passage que pour la première fois en 20 ans il n’y avait aucune nouvelle unité de prévue dans le programme AccèsLogis.
Régie du logement : urgence de réinvestir dans le Bas-Saint-Laurent
Dans les 20 dernières années, le Comité logement a remarqué une diminution des services de la Régie du logement. « Il y a eu des coupes à Rivière-du-Loup et à Matane qui ont eu des conséquences sur le bureau de Rimouski » explique Guy Labonté qui dit se faire référer de nombreux cas. Il souhaite que le projet de loi 16 qui prévoit le remplacement du nom de la Régie du logement par celui de Tribunal administratif du logement ne soit pas un prétexte pour couper encore dans le mandat d’information de la Régie.
Avec le RCLALQ, le comité logement revendique une réforme de la Régie pour la rendre juste et accessible, ainsi que des investissements conséquents. « La ministre de l’Habitation, Andrée Laforest, dit vouloir diminuer les délais à la Régie du logement, mais si son projet de loi est adopté, cela se fera en bonne partie au détriment de mesures qui complexifieront l’accès à la Régie pour les locataires », explique Philippe Girouard, organisateur communautaire au RCLALQ. « Il faudrait au contraire favoriser l’accès à la justice dans l’ensemble des régions du Québec et adopter des mesures concrètes pour mieux protéger les droits des locataires. Par exemple, la Régie devrait prendre en compte les motifs de non-paiement des locataires et proposer des ententes de paiement avant d’autoriser les expulsions », explique-t-il. Le RCLALQ a par ailleurs élaboré sa propre réforme de la Régie qui contient l’ensemble des changements réclamés et recueillit 10 500 signatures à une pétition qui a pris fin cette semaine.
Le Comité logement Rimouski-Neigette, le FRAPRU et le RCLALQ interpellent le gouvernement Legault afin qu’il prenne au sérieux ses obligations à mieux mettre en œuvre le droit au logement en augmentant rapidement ses investissements dans le logement social et en instaurant un contrôle des loyers. « Avec les surplus anticipés qui se comptent en milliards, ce n’est pas un problème d’argent, mais bien de volonté politique » concluent les porte-parole.