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Salubrité des logements : pas encore la note de passage pour Valérie Plante

Cette lettre ouverte signée par le RCLALQ et 13 comités logements montréalais a été publiée dans le journal La Presse le 6 novembre 2019.

Mme la mairesse de Montréal Valérie Plante,

Dès votre campagne pour briguer la chefferie de Projet Montréal, vous êtes entrés en contact avec plusieurs d’entre nous pour affirmer votre intérêt envers les enjeux liés à l’habitation et au droit au logement. En campagne électorale, il y a 2 ans, vous avez fait de l’habitation l’une de vos 3 grandes priorités. Récemment, en marge du conseil général de Projet Montréal, vous vous donniez la note de 7 sur 10 pour votre mi-mandat en vous basant notamment sur votre promesse de construire 12 000 logements sociaux et abordables.

Il serait faux de prétendre qu’en 2 ans nous n’avons pas entendu parler de logement à Montréal. Cependant, le logement fait plus souvent les manchettes pour les mauvaises raisons : manque de logements abordables et sociaux, évictions de locataires, hausse rapide des loyers, gentrification des quartiers, salubrité des logements. Comme si ce n’était pas assez, la pénurie de logements qui sévit actuellement dans la métropole rend la situation intenable pour les locataires à faible et modeste revenus. Le droit au logement est continuellement bafoué. Pour preuve, seulement à Montréal, c’est plus de 100 000 ménages locataires qui ont des besoins impérieux de logements, c’est-à-dire que leur logement est soit trop petit, soit trop cher, soit en mauvais état, parfois les trois en même temps.

C’est sur ce dernier aspect que nous désirons insister. L’insalubrité des logements est un véritable fléau. Selon la Direction régionale de santé publique de Montréal, le tiers des ménages locataires montréalais vivent avec au moins un problème d’insalubrité. Plusieurs accumulent les problèmes, que ce soit de l’infiltration d’eau, de la moisissure, des coquerelles, de la vermine ou encore des punaises de lit. Des milliers de locataires mettent leur santé et leur sécurité en danger en vivant dans ces logements insalubres.

Dans les premiers mois de votre arrivée à la tête de la ville de Montréal, vous avez augmenté la taille de l’équipe d’inspections à la Ville centre de 8 à 22 employés et avez déposé un nouveau plan d’action pour lutter contre l’insalubrité des logements. La Ville allait faire plus d’inspections et collaborer davantage avec les organismes communautaires.

Maintenant à la moitié de votre mandat, Mme la mairesse, nous désirons rappeler que la situation sur le terrain est toujours aussi alarmante. Nous recevons chaque semaine des locataires avec de graves problèmes de logement. La qualité des interventions varie beaucoup d’un arrondissement à l’autre et la nouvelle équipe de la Ville centre, qui a pris une bonne année à se mettre en place, n’agit qu’à la demande de ceux-ci. Du côté des arrondissements, la taille des équipes d’inspection est restée sensiblement la même et y subsiste encore la mentalité de ne pas sévir contre les propriétaires délinquants et de jeter le blâme sur le style de vie des locataires, comme du temps des administrations précédentes.

Certes, l’équipe de la Ville centre inspecte davantage de logements que par le passé et le fait plus rapidement. Ponctuellement, elle tient des rencontres avec des organismes avant de lancer un blitz dans un immeuble problématique. Et après? Cette équipe donne peu de contraventions, fait rarement les travaux en lieu et place des propriétaires délinquants et ne compte que huit avis de détérioration inscrits au registre foncier. L’accès aux rapports d’inspection n’a pas été facilité et le fait de recourir à un gestionnaire de parasites qualifié n’est toujours pas obligatoire.

Durant ce temps, malgré des interventions de la Ville sur plusieurs mois, les mauvaises conditions de logement perdurent, les infestations persistent et les communications avec les organismes s’espacent.

Mme Plante, il vous reste encore du temps pour agir. Appliquer rigoureusement la règlementation pourra vous donner la note de passage, contrairement à vos prédécesseurs, qui ont tous échoué.

Lettre cosignée par :

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