Montréal, le 15 janvier 2020. Le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) exige des actions immédiates du gouvernement de François Legault pour contrer la sévère crise du logement qui frappe durement plusieurs régions du Québec. Le plus récent Rapport sur le marché locatif de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) le confirme : avec un taux d’inoccupation de 1,8% et une augmentation moyenne de 5,2% des loyers, la situation du logement est catastrophique pour de nombreux ménages locataires.
« Il ne fait aucun doute que les mois à venir seront difficiles pour les locataires à faible et modeste revenu. Très peu de logements sont disponibles, et encore moins qui soient abordables et en bon état. Les grands logements pouvant accueillir des familles sont aussi extrêmement rares à l’échelle de la province avec un taux d’inoccupation à 1,2%. La ministre Andrée Laforest doit agir rapidement si l’on veut éviter que des ménages locataires se retrouvent à la rue le 1er juillet prochain », selon le porte-parole du RCLALQ, Maxime Roy-Allard. Parmi les solutions, le RCLALQ réclame l’instauration d’un contrôle obligatoire des loyers et d’un registre des loyers ainsi que la construction importante de logements sociaux.
Trop peu de logements disponibles
Le taux d’inoccupation des logements locatifs pour le Québec qui se situe à 1,8% est le plus bas depuis 2004. Nous sommes donc face à la plus importante pénurie de logements depuis le début des années 2000. Certaines villes sont plus durement touchées que d’autres, tout particulièrement en ce qui concerne la disponibilité des grands logements.
Villes | Taux d’inoccupation | Taux d’inoccupation des grands logements |
Montréal | 1,5% | 0,7% |
Gatineau | 1,5% | – |
Québec | 2,4% | 1,9% |
St-Hyacinthe | 0,4% | – |
Gaspé | 1,5% | 3,4% |
Joliette | 1,3% | 0,3% |
Rouyn-Noranda | 1% | 1,3% |
Drummondville | 1,1% | 0,2% |
Granby | 0,9% | 1,2% |
Ces faibles taux d’inoccupation intensifient la discrimination vécue par les locataires puisque les propriétaires deviennent plus sélectifs. Même si la discrimination est interdite en vertu de la Charte québécoise des droits et libertés, beaucoup de propriétaires n’hésitent pas à discriminer ou à utiliser différents stratagèmes pour éviter de louer à certaines personnes. Le RCLALQ dénonce vivement ces pratiques.
Certaines zones du Grand Montréal sont particulièrement touchées par la grave pénurie de logements.
Zones | Taux d’inoccupation | Taux d’inoccupation des grands logements |
Île de Montréal | 1,6% | 0,8% |
Banlieues | 1,2% | 0,6% |
Laval | 1,5% | 0,7% |
Rive-Nord | 0,8% | 0,4% |
Rive-Sud | 1,3% | 0,8% |
Sud-Ouest et Verdun | 0,5% | 0,1% |
Des loyers qui augmentent trop vite
Le RCLALQ est également extrêmement inquiet de l’augmentation rapide du prix des loyers. D’après l’enquête de la SCHL, le loyer moyen a augmenté de 5,2% au Québec, s’établissant à 800$. Ces augmentations de loyer font très mal aux locataires à faible et modeste revenu. Pour les 195 000 ménages locataires qui accordent plus de 50% de leur revenu au paiement du loyer, ces hausses signifient de devoir couper dans leurs autres besoins de base. Pour les personnes recevant les prestations mensuelles de 690$ du programme d’aide sociale, louer seul un logement d’une chambre à coucher (prix moyen de 716$) est tout simplement impossible.
Le RCLALQ tient à rappeler que les prix moyens révélés par la SCHL ne sont pas représentatifs du loyer moyen mis en location. Selon un échantillonnage effectué par le RCLALQ au printemps 2019, les logements à louer sont entre 30% et 50% plus chers que les données de la SCHL.
Les hausses de loyer varient d’une région à l’autre, mais certaines villes comme Gatineau, Saguenay, Montréal, Sherbrooke et Granby sont plus durement affectées.
Villes | Hausse moyenne des loyers (catégorie ‘tous les logements’) |
Gatineau | 10% |
Saguenay | 5,2% |
Montréal | 5,7% |
Sherbrooke | 4,2% |
Trois-Rivières | 3,7% |
Québec | 3% |
Granby | 7,5% |
Joliette | 4% |
Rouyn-Noranda | 5% |
Cowansville | 6,7% |
Pour le RCLALQ, les hausses de loyer, mais aussi les déménagements et les évictions de logements qui en résultent, ont des conséquences sociales néfastes. Elles minent le droit au logement en limitant l’accès à un logis convenable et abordable, accentuent la précarité des locataires et affectent leur santé physique et mentale. « La ministre des Affaires municipales et de l’Habitation Andrée Laforest doit mettre en place un plan d’action sans plus tarder. À court terme, des mesures d’urgence doivent être implantées pour éviter le pire au 1er juillet. Ensuite, il est impératif d’instaurer un contrôle obligatoire et universel des loyers et de construire massivement des logements sociaux. L’avenir de l’accès au logement au Québec en dépend », selon M. Roy-Allard.