Montréal, le 29 mars 2023 – Le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) constate que le prétendu retrait par Airbnb des annonces illégales est de la poudre aux yeux. Selon les données publiées par le site web Inside Airbnb aujourd’hui, 58% des logements offerts en location à Montréal ne sont pas certifiés, et à Québec 28% des locations offertes ne sont pas certifiées, contrairement à ce qu’exige la loi. De plus, plusieurs annonces affichent un numéro de certification bidon, Airbnb ne faisant aucune vérification à cet égard. La promesse faite par les dirigeants de la multinationale à la Ministre du Tourisme de retirer les annonces illégales n’est donc qu’une parade.
Pire encore, Airbnb fait parvenir aux locateurs et locatrices un message leur suggérant d’opter pour des locations à long terme, soit de plus de 31 jours. En conséquence, à Montréal les locations dites à long terme sont passées en quelques jours de 17% à 60% du total des annonces, et à Québec de 18% à 30% du total. Or, cette manipulation est en fait un subterfuge qui permet de ne pas se conformer à la Loi sur l’hébergement touristique. Le but n’est manifestement pas non plus de respecter les lois régissant les relations entre locataires et propriétaires du Code civil du Québec, ce qui est obligatoire pour toute location résidentielle de plus de 31 jours. En clair, Airbnb encourage les comportements frauduleux visant à se soustraire à la loi.
De telles manipulations ont été observées à Toronto. Ainsi, selon Thorben Wieditz de la coalition Fairbnb Canada, « Airbnb répète au Québec la même astuce réglementaire utilisée à Toronto. Après la promulgation des règles de location à court terme de la ville en 2021, Airbnb a déplacé des milliers d’annonces illégales vers une durée de location minimale de 28 jours, les repoussant ainsi hors du système réglementaire. En conséquence, plus de 12 000 annonces sur la plateforme d’Airbnb échappent à la surveillance réglementaire à Toronto ».
Le porte-parole du RCLALQ Cédric Dussault interpelle la Ministre du Tourisme, Caroline Proulx : « Le RCLALQ dénonce avec véhémence ce tripotage par Airbnb et demande au Gouvernement du Québec d’intervenir immédiatement pour mettre fin aux comportements illégaux de cette multinationale et des personnes qui en profitent ».
Lisez aussi ce mot de Murray Cox, fondateur du site Inside Airbnb, sur la situation actuelle:
« Over the last few days Airbnb has responded to demands to stop profiting from illegal short-term listings in Montreal and Quebec by kicking unregistered listings from its site, and pushing others into a long-term rental category.
I don’t applaud Airbnb for doing what they should have done months ago, which could have saved housing across the province, and lives.
We question why a short-term rental platform like Airbnb has shifted these unregistered properties into a legal grey area, where hosts are not subject to short-term rental laws, and are unlikely to follow provincial and local housing laws for tenants.
There is also evidence that short-term rental hosts are using fake and duplicate CITQ licenses, or claiming primary residence status to fraudulently obtain a CITQ short-term rental permit. Based on the experience in other cities, we expect this fraudulent use to increase as hosts try to get back on Airbnb.
We call on the province to push forward urgently to make platforms like Airbnb legally responsible for the properties on their site by introducing platform accountability regulations, and addressing other problems and loopholes with CITQ licenses for short-term rentals. »
29 March 2023
Murray Cox
Executive Director, Housing Justice Data Lab, Inc.
Coordinator and Data Activist Founder, Inside Airbnb