Montréal, le 31 janvier 2024 – Le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) est consterné par les données du Rapport sur le marché locatif de 2024 publié par la SCHL. L’explosion des loyers se poursuit dans l’ensemble du Québec, avec une augmentation moyenne de 7,35 % pour l’année 2023.
Comme les années précédentes, les loyers augmentent beaucoup plus vite que l’inflation. Alors que les hausses moyennes de loyer de 2022 à 2023 grimpent de 7,35 %, le taux d’inflation pour la même période était de 3,6 %. C’est ainsi que pour les 20 dernières années, les loyers moyens publiés par la SCHL ont augmenté de 80 %, beaucoup plus que l’inflation qui pour la même période se chiffre à 56 % selon l’Institut de la statistique du Québec. Les revenus des ménages fondent de plus en plus après le paiement du loyer. Le marché locatif est incontrôlé et les locataires en paient les frais depuis trop longtemps.
Les locataires ne peuvent plus absorber les hausses abusives de loyer qui se répètent annuellement et se propagent maintenant dans toute la province. Le RCLALQ demande au gouvernement de ne pas adopter le projet de loi 31 de la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, avant d’y avoir ajouté des mesures de contrôle obligatoires et permanentes, dont un registre de loyer.
« La principale dépense d’un ménage consiste à payer son loyer à chaque mois et cette dépense est devenue insoutenable. Les propriétaires de logement profitent de leur situation de quasi-monopole pour imposer des hausses de loyer excessives. Des dizaines de maires et mairesses du Québec, plusieurs pétitions déposées à l’Assemblée nationale dont la plus récente signée par 18 000 personnes et 681 organismes et syndicats au Québec ayant signifié leur appui à notre demande le disent haut et fort : que le gouvernement du Québec instaure un registre des loyers et plafonne les hausses de loyer à des taux raisonnables », Cédric Dussault, porte-parole du RCLALQ.
Dans la très grande majorité des régions, l’explosion des loyers se poursuit
Encore cette année, ce n’est pas dans les grands centres que l’on observe les hausses les plus élevées. Bien que les loyers aient augmenté de façon très importante sur l’île de Montréal, à 6,35 %, la hausse est 1 % en dessous de la moyenne québécoise de 7,35 %.
La hausse la plus importante a été observée à Granby (15,23 %). À Rawdon, les loyers continuent de progresser de manière fulgurante. Après une hausse démentielle de 23 % l’an dernier, les loyers y ont augmenté de 14,18 % cette année. Les augmentations des loyers moyens dépassent également les 10 % à Salaberry-de-Valleyfield, Gaspé, Shawinigan, Dolbeau-Mistassini, Rivière-du-Loup et Val d’Or.
Villes ou zones | Hausse moyenne des loyers (catégorie ‘tous les logements’) |
Granby | 15,23 % |
Rawdon | 14,18 % |
Salaberry-de-Valleyfield | 13,01 % |
Gaspé | 12,84 % |
Shawinigan | 12,25 % |
Dolbeau-Mistassini | 11 % |
Rivière-du-Loup | 10,49 % |
Val d’Or | 10,35 % |
Le RCLALQ rappelle par ailleurs que même si les données de la SCHL sont absolument consternantes, elles sous-estiment l’ampleur de l’explosion des loyers, puisque les loyers moyens de la SCHL ne sont pas représentatifs des loyers mis en location. Dans un contexte où de plus en plus de locataires doivent se reloger après avoir subi une reprise de logement ou une éviction, le Regroupement rappelle que le prix des logements à louer augmentent beaucoup plus rapidement. La plus récente enquête du RCLALQ sur le prix des logements à louer montrait qu’il y a au Québec un écart de 50,5 % entre les loyers moyens indiqués par la SCHL et les loyers affichés sur la plateforme Kijiji.
Un taux d’inoccupation alarmant qui n’est pas l’unique cause de la crise
Depuis plusieurs années, la SCHL insiste lourdement sur les taux très bas d’inoccupation des logements. Les taux d’inoccupation très bas partout au Québec aggravent certainement la crise du logement, mais le RCLALQ rappelle que c’est surtout l’explosion incontrôlée des loyers qui restreint l’accès à un logement convenable et accélère l’appauvrissement des ménages locataires. « Construire du neuf sur le marché privé ne règlera pas le principal problème de cette crise, soit l’érosion très rapide du parc locatif plus abordable en raison de l’explosion des loyers. Les nouveaux logements que l’on construit sur le marché privé sont hors de prix pour la très grande majorité des ménages locataires. Tant qu’il n’y aura pas un registre des loyers et un contrôle obligatoire des loyers, les hausses moyennes de loyer, qui grimpent plus vite que l’inflation, vont perdurer, et la crise du logement va continuer d’appauvrir la plupart des locataires », dénonce le porte-parole du RCLALQ.