Montréal, 25 mars 2020 – À une semaine du 1er avril, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) et le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) unissent leur voix pour réclamer, de manière urgente, des mesures concrètes du gouvernement Legault pour venir en aide aux ménages locataires qui ne seront pas en mesure de payer leur prochain mois de loyer.
Le FRAPRU et le RCLALQ rappellent que les ménages locataires, et particulièrement ceux à faible et modeste revenus, sont plus durement touchés par la pandémie. « Pour les 457 275 ménages locataires consacrant déjà plus de la norme de 30 % de leurs revenus au loyer, particulièrement les 195 645 en payant plus de 50 %, une perte d’emploi pourrait les mener à la rue », mentionne Marjolaine Deneault, porte-parole du RCLALQ. « Il y a fort à parier que ces personnes ont peu ou pas d’économie de côté et qu’il leur sera difficile, voire impossible de payer leur loyer à temps », rappelle la porte-parole.« Les programmes actuels ne remplacent pas la totalité des revenus et la plupart des prestations promises n’arriveront pas, au mieux, avant quelques semaines. Il faut trouver des solutions autres que l’endettement pour que le droit au logement et le droit à un revenu suffisant de ces personnes soient respectés », ajoute Véronique Laflamme,la porte-parole du FRAPRU.
« Dans son point de presse quotidien d’hier, le premier ministre s’est dit ouvert à réfléchir rapidement à des solutions pour les ménages qui peinent à payer leur épicerie et qui s’inquiètent de l’arrivée de l’échéance du prochain paiement de loyer » rappelle Marjolaine Deneault. Prenant le premier ministre au pied de la lettre, les regroupements mettent de l’avant des solutions concrètes qu’ils pressent les ministres de l’Habitation et de la Santé de prendre en considération avec tout le sérieux qu’elles méritent.
Un pardon ministériel pour les loyers d’avril
Samedi dernier, la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation du Québec a confirmé un moratoire sur l’exécution des jugements menant à l’éviction des locataires et la suspension de la majorité des audiences à la Régie du logement, tant et aussi longtemps que l’état d’urgence sanitaire sera décrété. « Notre première priorité depuis le début de la pandémie était d’empêcher que des gens se retrouvent à la rue en pleine crise de santé publique », explique Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU. « Maintenant que nous en avons l’assurance, nous voulons éviter une vague massive d’évictions peu de temps après la sortie de l’urgence sanitaire.Pour faire tomber le stress chez les locataires vulnérables, il est primordial de faire savoir dès maintenant que toute tentative d’éviction imputable au non-paiement du loyer d’avril 2020 sera interdite », explique Véronique Laflamme. « Reporter une vague d’évictions aurait des conséquences catastrophiques sur le Québec qu’il sera alors en train de se remettre de la plus grave crise de santé publique de son histoire », renchérit Marjolaine Deneault.
Pour venir rapidement en aide aux ménages locataires, les deux regroupements demandent un programme spécial de supplément au loyer d’urgence pour ceux à faibles revenus. Pour ceux qui n’y ont pas droit en raison de revenus antérieurs trop élevés, ils proposent comme mesure complémentaire la création d’un fonds de dépannage dédié au paiement du loyer. Selon eux, ce fonds devrait logiquement être mis en place par le gouvernement fédéral et pourrait être administré par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). À défaut de le mettre en place lui-même, ils demandent au gouvernement Legault de mettre de la pression sur le gouvernement Trudeau pour la création d’un tel fonds d’aidedans les plus brefs délais. À l’instar du RCLALQ et du FRAPRU, quatre autres associations canadiennes de défense des droits des locataires portent cette demande au gouvernement fédéral.
Une période de recherche de logement déjà difficile retardée
Alors que la pénurie de logements abordables rendait déjà difficile la recherche de logement durant la période de renouvellement des baux, un grand nombre de ménages locataires sont actuellement inquiets quant aux difficultés supplémentaires de trouver un logement durant la période d’urgence sanitaire. « Outre les craintes quant à l’incapacité de payer le prochain loyer, la majorité des appels dans les comités logement portent actuellement sur les sujets relatifs aux visites de logements », selon Marjolaine Deneault. Afin de faciliter la recherche d’un appartement et empêcher les visites de se poursuivre à l’heure où le confinement est de rigueur, le FRAPRU et le RCLALQ proposent que la période d’un mois dont disposent les locataires pour répondre à l’avis de renouvellement du bail soit allongée d’un mois. Afin de rassurer les centaines de milliers de ménages locataires qui devraient déménager au 1er juillet, ou avant, ils demandent au gouvernement Legault d’envisager que tous les baux en vigueur soient prolongés pour une période correspondant minimalement à la durée de l’urgence sanitaire.